Révolution digitale : comment transformer la menace en opportunités ?

Réseaux sociaux, internet mobile, internet des objets, big data, intelligence artificielle, industrie 4.0, blockchain, économie du partage, méthode agile, open innovation…, autant de mots apparus ces dernières années et qui symbolisent la révolution digitale et les bouleversements profonds auxquels les sociétés, les entreprises, les individus doivent s’adapter. Le chemin paraît rude et chacun n’avance pas à la même vitesse. 

Réseaux sociaux, internet mobile, internet des objets, big data, intelligence artificielle, industrie 4.0, blockchain, économie du partage, méthode agile, open innovation…, autant de mots apparus ces dernières années et qui symbolisent la révolution digitale et les bouleversements profonds auxquels les sociétés, les entreprises, les individus doivent s’adapter. Le chemin parait rude et chacun n’avance pas à la même vitesse.

L’Europe est en retard sur les USA ; certaines entreprises sur d’autres. Selon une étude Harris Interactive de fin 2015, neuf dirigeants de TPE-PME français sur dix considéraient que la transition numérique était un enjeu important pour les entreprises françaises. Mais ils n’étaient que 59% à estimer qu’il était important pour leur propre société. Une grosse différence existe donc entre la prise de conscience de cette révolution et la manière avec laquelle chacun s’y prépare. En mars 2014, Nelly Kroes, vice-présidente de la Commission Européenne chargée de l’économie numérique déclarait : « L’absence de compétences numériques est une nouvelle forme d’illettrisme ». Elle ajoutait : « D’ici 2020 – autant dire demain – 90 % des emplois nécessiteront des compétences numériques, et nous ne sommes pas prêts. »
Pour s’adapter à la « révolution digitale », il faut d’abord la comprendre.
Derrière ce terme un peu galvaudé de « révolution digitale » se cachent en fait quatre révolutions majeures auxquelles les entreprises et leurs salariés doivent faire face :
une révolution technologique : la technologie numérique, en transformant une information (texte, son, image, vidéo) en une suite de chiffre (1 ou 0), a simplifié le traitement de cette information par la machine ; l’augmentation exponentielle de la puissance de calcul des serveurs, de la vitesse de transmission de la data, du stockage des données… a ensuite permis de repousser toujours plus loin le champ des possibles ;
une révolution des usages : il a fallu une vingtaine d’années à internet pour être adopté par 50% de la population mondiale, une quinzaine d’années aux réseaux sociaux pour s’imposer auprès de 37% des habitants de la planète et moins de dix ans à l’internet mobile pour dépasser l’internet fixe ; de nouveaux usages et de nouveaux business modèles en sont nés ;
une révolution des valeurs : au second trimestre 2017, sept des dix premières capitalisations boursières proviennent du digital et n’existaient pas ou à peine il y a vingt ans ; et derrière Apple, Alphabet, Microsoft, Amazon, Facebook émergent depuis peu les chinois Ali Baba et Tencent ; dans le même temps, Kodak, Blackberry, Blockbuster et beaucoup d’autres ont disparu pour ne pas avoir réussi à s’adapter rapidement à ces changements profonds apportés par le numérique ;
une révolution managériale : les succès de ces startups, devenues en quelques années des géants mondiaux, reposent sur des modes d’organisation et de management nouveaux.
Notre conviction est que chacun peut s’adapter à ce nouveau monde s’il en a les codes.Beaucoup d’entreprises s’adaptent et voient dans ces bouleversements de formidables opportunités. Nous en avons étudié un certain nombre, aussi bien parmi les grands groupes français ou étrangers que parmi des PME ou des startups. A travers plus d’une soixantaine d’exemples, nous avons surtout voulu donner une grille de lecture aux initiatives qui marchent en les regroupant en dix tendances clés qui irriguent toute stratégie digitale.
« Be consumer centric ». Dans des marchés devenus mondiaux et de plus en plus transparents où il y a profusion d’offre, la différence se joue dans la manière de traiter le client.
“Winner takes all: differentiate or die”. Nombre d’acteurs du digital sont tentés de tirer profit de leur avantage technologique instantané en jouant sur des stratégies de volume (parfois au détriment de la rentabilité) pour prendre rapidement des parts de marché massive. Il devient alors impératif de se différencier dans son offre pour pouvoir résister.
« Develop your community ». Dans cette gigantesque place publique virtuelle qu’est Internet, ses utilisateurs ont éprouvé le besoin de se rassembler en fonction de leurs centres d’intérêt, de critères socio-démographiques, de projets communs. Une nouvelle économie autour des plateformes, qu’elles soient sociales, communautaires ou collaboratives, est née.
“Dematerialize, share, disintermediate”. Le digital privilégie l’économie de l’accès à l’économie de la propriété. Il conduit à éliminer tout intermédiaire superflu.
“Think ATAWAD (Any Time, Any Where, Any Device)”. L’internet mobile permet de suivre le client à tout moment, en tout lieu, et sur n’importe quel support, de façon à établir une relation permanente avec lui.
“Data is king, Big Data is emperor”. La data est partout : pour analyser le produit, pour analyser les réactions du client, pour optimiser les process, pour nourrir les programmes d’intelligence artificielle… Sa puissance devient considérable.
“Connect everything”. Le marché des objets connectés devrait doubler d’ici à 2020. Il envahit notre quotidien, aussi bien notre santé ou notre bien-être, que nos maisons, nos villes ou nos usines.
“Test and learn”. Dans le nouveau monde digital, le succès provient de la capacité à s’adapter rapidement à son marché et à coller aux besoins de ses utilisateurs.
“Adopt a new management”. Les anciennes organisations hiérarchisées ou travaillant en silo doivent faire place à des organisations plus agiles où la collaboration, l’expérimentation et la délégation règnent en maitre.
“Innovation is the only way to win”. Dans des marchés susceptibles d’être bouleversés à tout moment, l’innovation permanente devient une nécessité. Elle ne peut rester cantonnée aux départements de R&D mais doit être le fruit de la collaboration de l’entreprise avec l’ensemble de son écosystème.
Transformer la menace de la révolution digitale en opportunités demande pour les entreprises comme pour les individus une compréhension de la situation, la maîtrise de certains codes et un effort certain pour changer et s’adapter. Pour autant, c’est à la portée de tous. C’est ce dont nous avons voulu convaincre dans notre ouvrage… car il est grand temps d’emprunter à titre individuel ou collectif le chemin de cette transformation, sans crainte excessive mais également sans naïveté, pour contrôler au mieux son avenir.
Christophe VICTOR - Directeur Général Délégué du groupe Les Echos
Lydia BABACI-VICTOR - Directrice de l’Innovation et du Développement de VINCI ENERGIES
Auteurs de « Révolution digitale : transformer la menace en opportunités ». Editions Eyrolles. Mai 2017.

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